Débats autour de l’aménagement sur l’axe Mobilien 96

Publié le par David

 Conseil du 20ème arrondissement, le 14 février 2006. Approbation du programme d’aménagement sur l’axe Mobilien 96 à Paris 3e, 4e, 11e et 20e arrondissements. Délibération.

 

 

La parole est à M. ASSOULINE

 

 

Je voulais faire une intervention pour dire clairement que le groupe socialiste soutient cette délibération avec un certain nombre de considérations qui ont été soulevées dans le débat, y compris des remarques faites par M. ARAJOL.

 

 

Il ne faut pas se tromper de débat, M. ARAJOL. Est-ce que nous sommes d’accord sur le fait que l’on doit tendre à réduire la circulation automobile à Paris parce que c’est insoutenable pour les Parisiens qui ne peuvent pas continuer à voir l’espace public utilisé par les voitures, alors qu’une grande majorité de Parisiens n’en possèdent pas et que c’est un problème de santé, notamment pour les personnes les plus fragiles ?

 

 

Toutes les capitales du monde sont confrontées à cela et prennent des décisions et lorsque cela est trop retardé, elles prennent des décisions beaucoup plus violentes et drastiques parce qu’à ces moments-là, il y a des catastrophes en perspective. Il y a eu Athènes et Rome qui ont décidé de façon plus radicale d’interdire la circulation en centre ville.

 

 

Si vous êtes d’accord avec ce constat, une des solutions est de développer le transport en commun, non seulement pour réduire la circulation parce que là où une voiture circule, un bus peut prendre 150 personnes, mais aussi parce que c’est plus social et vous êtes vous-même attaché au social dans vos discours. Effectivement le coût est moins élevé et donc cela favorise la circulation de ceux qui n’ont pas les moyens de circuler avec leur automobile personnelle.

 

 

Si nous sommes d’accord sur ce principe, il faut chercher les solutions et les solutions dans une ville qui est déjà faite avant nous, avec ses lourdeurs, ses quelques mètres carrés disponibles, c’est faire bouger les choses et les habitudes et donc créer des mécontentements parce qu’il n’y a aucun projet qui fait bouger une ville qui ne crée pas une gêne pour ceux qui sont aux abords. Vous parlez des commerçants en vous demandant s’ils vont être contents et s’ils vont perdre du chiffre d’affaire, mais tout projet de faire bouger la ville crée à un moment, ce malaise. Mais par la suite, il y a des compensations parce que lorsque les trottoirs sont élargis et que l’on peut circuler à pied, le commerce de proximité s’en trouve grandi et rattrape peut-être le retard.

 

 

Si Haussmann avait réfléchi comme cela au 19e siècle, on n’aurait pas bougé la ville. Lorsque l’on a voulu faire des rues plus larges, faire changer les choses, cela a bougé les habitudes et cela a permis à la ville de se développer et de continuer à vivre et non à se stabiliser.

 

 

Si vous dites oui à tout cela, la solution du Mobilien 96 est une bonne solution, mais qui soulève plusieurs problèmes que vous posez.

 

 

Le problème est que de toute façon et Mme GEGOUT le soulève, il faut qu’en terme de stationnement illicite, il y ait une action plus énergique des pouvoirs de police dans le 20e, mais ce ne sont ni le Maire de l’arrondissement ni le Maire de Paris qui sont les responsables de la police. Pour enlever les voitures qui gênent et qui empêchent le bus de passer, il y a des gens responsables qui sont, pour l’instant, sous l’autorité de votre bord politique parce que le gouvernement, ce n’est ni le Maire de Paris ni le Maire du 20e arrondissement. Je suis prêt à signer une lettre avec vous afin de demander que les choses se fassent mieux.

 

 

Il y a également le souci des livraisons avec le marché de Belleville. Il faut trouver un moyen pour que le bus circule de façon souple et arriver à une solution pour que les gens qui ne peuvent plus accéder ou sortir de leur parking, puissent le faire. Toutes ces questions restent ouvertes après le vote de cette délibération. Le vœu qui est soumis et qui a été présenté dans ses grandes lignes par M. DEROFF, demande que la concertation continue pour répondre pas à pas et pied à pied aux interrogations soulevées dans cette réunion de concertation où vous étiez, M. ARAJOL.

 

 

Le problème est de savoir si vous voulez surfer sur les difficultés que tout projet rencontre et sur le fait qu’effectivement, il y a des gens qui vont être moins d’accord parce qu’ils seront plus gênés que d’autres, ou est-ce que vous dites : « c’est une question politique essentielle de permettre les transports en commun, leur développement, de réduire la circulation automobile » et dans ce cas, je vais chercher des solutions et attendre d’entendre vos solutions alternatives.

 

 

Comme lorsque vous nous envoyez à la tête l’idée que nous nous asseyons sur la démocratie participative, là je vous réponds que non. Je voudrais savoir si vous êtes vous-même favorable à la démocratie participative, parce que c’est comme ceux qui appellent à la démocratie dans l’actualité, avec le respect des opinions, de la démocratie…, mais qui menacent de tuer ceux qui ne seraient pas d’accord avec eux.

 

 

Vous réclamez cette démocratie participative, mais vous avez été sur des listes de M. TIBERI qui a été contre le fait que l’on crée des Conseils de quartier et qui avait même envoyé des circulaires à l’époque où l’on créait des Conseils dans le 20e arrondissement, pour dire qu’il ne fallait pas y participer et que c’était illégal et sans objet. Je suis content que vous vous soyez converti. Là où il y a des réunions, je vous invite à venir écouter des commerçants ou d’autres habitants mécontents, alors qu’avant il n’y en avait pas puisqu’ils découvraient au dernier moment des travaux devant chez eux,

 

sans information, ni possibilité de débattre.

 

 

La démocratie participative n’est pas quelque chose de démagogique, c’est simplement un moment où l’on fait participer des habitants. Nous avons été élus sur un programme et nos propres électeurs auront les bulletins de vote pour nous sanctionner dans très peu de temps, s’ils le souhaitent. Nous n’avons pas peur du bulletin de vote lorsqu’il s’agit de nos idées, nos valeurs, nos principes. Nous ne ferons pas la politique qui peut plaire en soi à l’opinion, nous ferons la politique qui est utile aux Parisiens, sur le court et long terme. Lorsqu’il s’agit de santé, on ne joue pas avec, même si cela peut

 

déplaire.

 

 

Avis favorable est donné à la majorité au projet de délibération

 

 

 

- Vœu de la municipalité du 20e relatif au programme Mobilien 96.

 

 

Réponse de M. ASSOULINE à M. ARAJOL (Opposition municipale) critiquant le manque de concertation autour du projet.

 

 

L’essentiel du vœu, c’est de dire qu’il faut une étude avant, or vous pensez qu’il n’y a pas d’étude qui a été réalisée. Vous pouvez demander à M. BAUPIN, qu’il vous cite le résultat d’études expliquant comment la circulation se reporte ailleurs ou l’amélioration de la circulation. Il est évident que s’il n’y avait rien en gain, on ne s’engagerait pas. Nous ne sommes pas complètement fous ou masos pour engager quelque 15 millions d’euros de travaux alors que l’on pense que cela n’a pas d’impact et selon vous, cela pourrait même nous faire perdre les élections.

 

 

Lorsque vous nous dites : « ne faites pas ça parce que vous allez perdre les élections », alors que je sais que vous voudriez qu’on les perde, j’ai plutôt envie de faire l’inverse.

 

 

Votre deuxième argument est de rigoler sur le fait que la concertation continue alors que les travaux commencent. Nous sommes dans une situation où l’on doit faire les choses relativement vite. Les crédits doivent être engagés à un moment donné pour que les travaux puissent avoir lieu à un autre moment.

 

Maintenant, on vote l’engagement des crédits avec un projet qui est déjà bien ficelé, y compris pour répondre à ces préoccupations, mais on sait que lorsque les travaux seront finis, des effets pervers inconnus de nous aujourd’hui, peuvent avoir lieu car c’est quelque chose qui va changer les habitudes. Nous disons que nous serons en capacité, même une fois les choses faites, de ne pas être obtus et de bouger les choses en fonction de ces effets pervers.

 

 

On ne peut pas donner une meilleure satisfaction à la concertation et à l’écoute des habitants que de dire : « pendant les travaux et même après, nous serons en situation et nous nous engageons pour être à l’écoute pour régler tous les problèmes non prévus ou pointés par les habitants au fur et à mesure ». Je crois que c’est le sens de notre vœu et il donne largement satisfaction à la concertation, à l’écoute des habitants, au pragmatisme, avec tout le temps l’idée que nous faisons quelque chose de juste sans doctrine, sans idéologie. On essaiera de façon très pratique de nous adapter et d’écouter toutes les remarques qui nous sont faites lorsqu’elles sont judicieuses et veulent aller de l’avant.

 

 

 

 

Publié dans A Paris

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