Hommage à Malik OUSSEKINE
Voici mon intervention en Séance du Conseil de Paris du 14 novembre 2006 pour rendre hommage à Malik Oussekine.
Monsieur le Maire,
Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s Collègues,
Je vous avais déjà fait part de mon émotion, quand au nom du Groupe socialiste et radical de gauche, avec son Président Patrick Bloche, je proposais à notre Conseil d'adopter un vœu demandant au Maire de Paris d'apposer une plaque en souvenir de Malik Oussekine, frappé à mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, rue Monsieur le Prince, suite à la dispersion des occupants de la Sorbonne.
Elle est d'autant plus grande aujourd'hui, au moment d'adopter cette délibération proposée par le Maire, c'est-à-dire au moment de prendre cette décision qui permettra que concrètement, le 6 décembre prochain, dans moins d'un mois, soit inscrit sur les pierres de notre Capitale, le souvenir de ce moment qui a marqué pour toujours toute une génération, la mienne comme celle de beaucoup d'élu(es) ici présents ; le souvenir de ce jeune qui a eu la malchance de se trouver là alors que se déchaînait de façon démesurée une chasse à tout ce qui ressemblait à un étudiant dans le Quartier Latin.
Je ressens ainsi la même fierté d'appartenir à cette majorité municipale, et de soutenir cet exécutif parisien, qu'au moment où Bertrand Delanoé a de façon courageuse proposé d'apposer une plaque en souvenir des Algériens morts le 17 octobre 1961.
C'était il y a 20 ans. Des centaines de milliers de jeunes, près d'un million à Paris le 4 décembre, manifestaient pour le retrait de la loi Devaquet établissant une sélection sociale pour l'entrée à l'Université. C'était dans chaque université, dans beaucoup de lycées, des moments de rencontre, de débats, de prise de conscience, de fête et de joie aussi, qui rassemblaient une génération généreuse et éprise d'Egalité, comme un sursaut dans une France où le Ministre de l'Intérieur pouvait déclarer qu'il couvrirait les bavures. Des monômes bon enfant où l'on entendait crier "CRS avec nous, vos enfants sont dans la rue".
Puis suite à la fin de non recevoir du gouvernement, des charges brutales, violentes, des tirs de grenade à fût tendu, des jeunes grièvement blessés, comme Jérôme Duval. Et la nuit tragique du 5 au 6 décembre, où après une évacuation des occupants de la Sorbonne, les PVM décidèrent de nettoyer le Quartier Latin. Malik finissait sa soirée, comme beaucoup de jeunes et moins jeunes et s'apprêtait à rentrer chez lui. Des PVM le poursuivent. Il se réfugie dans une cage d'escalier, rue Monsieur le Prince. Des PVM lâchent leur moto, entrent dans le hall. Il se protège. Il est battu. Son visage, son corps sont tuméfiés. Plus tard, il meurt. Il avait 22 ans. Rien ne justifiait une telle violence. "Ils sont devenus fous". Je répétais cela aux journalistes qui m'interrogeaient au petit matin. Abasourdi. Et ce poids de la responsabilité. Ne rien dire qui puisse inciter à répondre à la violence par la violence. Et notre appel à une gigantesque manifestation silencieuse derrière cette unique affirmation "Plus jamais ça".
Et depuis 20 ans, ce sentiment contradictoire, souvenir d'un grand moment de symbiose, d'échanges, de lutte, d'espoir, de conviction d'être acteur de son histoire, mais aussi l'amertume, la tristesse, que Malik y soit resté.
En ce moment, je pense à sa mère, à ses frères et sœurs, à tous ceux à qui il a été arraché, il nous manquera toujours. Avec lui, c'est un bout de nous-mêmes qui est parti le 6 décembre 1986.
En votant cette délibération, notre Conseil fera un acte de justice et de mémoire qui honorera notre Paris. Pour moi, pour les socialistes, nous avons aussi, simplement, rempli notre devoir.
Je vous avais déjà fait part de mon émotion, quand au nom du Groupe socialiste et radical de gauche, avec son Président Patrick Bloche, je proposais à notre Conseil d'adopter un vœu demandant au Maire de Paris d'apposer une plaque en souvenir de Malik Oussekine, frappé à mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, rue Monsieur le Prince, suite à la dispersion des occupants de la Sorbonne.
Elle est d'autant plus grande aujourd'hui, au moment d'adopter cette délibération proposée par le Maire, c'est-à-dire au moment de prendre cette décision qui permettra que concrètement, le 6 décembre prochain, dans moins d'un mois, soit inscrit sur les pierres de notre Capitale, le souvenir de ce moment qui a marqué pour toujours toute une génération, la mienne comme celle de beaucoup d'élu(es) ici présents ; le souvenir de ce jeune qui a eu la malchance de se trouver là alors que se déchaînait de façon démesurée une chasse à tout ce qui ressemblait à un étudiant dans le Quartier Latin.
Je ressens ainsi la même fierté d'appartenir à cette majorité municipale, et de soutenir cet exécutif parisien, qu'au moment où Bertrand Delanoé a de façon courageuse proposé d'apposer une plaque en souvenir des Algériens morts le 17 octobre 1961.
C'était il y a 20 ans. Des centaines de milliers de jeunes, près d'un million à Paris le 4 décembre, manifestaient pour le retrait de la loi Devaquet établissant une sélection sociale pour l'entrée à l'Université. C'était dans chaque université, dans beaucoup de lycées, des moments de rencontre, de débats, de prise de conscience, de fête et de joie aussi, qui rassemblaient une génération généreuse et éprise d'Egalité, comme un sursaut dans une France où le Ministre de l'Intérieur pouvait déclarer qu'il couvrirait les bavures. Des monômes bon enfant où l'on entendait crier "CRS avec nous, vos enfants sont dans la rue".
Puis suite à la fin de non recevoir du gouvernement, des charges brutales, violentes, des tirs de grenade à fût tendu, des jeunes grièvement blessés, comme Jérôme Duval. Et la nuit tragique du 5 au 6 décembre, où après une évacuation des occupants de la Sorbonne, les PVM décidèrent de nettoyer le Quartier Latin. Malik finissait sa soirée, comme beaucoup de jeunes et moins jeunes et s'apprêtait à rentrer chez lui. Des PVM le poursuivent. Il se réfugie dans une cage d'escalier, rue Monsieur le Prince. Des PVM lâchent leur moto, entrent dans le hall. Il se protège. Il est battu. Son visage, son corps sont tuméfiés. Plus tard, il meurt. Il avait 22 ans. Rien ne justifiait une telle violence. "Ils sont devenus fous". Je répétais cela aux journalistes qui m'interrogeaient au petit matin. Abasourdi. Et ce poids de la responsabilité. Ne rien dire qui puisse inciter à répondre à la violence par la violence. Et notre appel à une gigantesque manifestation silencieuse derrière cette unique affirmation "Plus jamais ça".
Et depuis 20 ans, ce sentiment contradictoire, souvenir d'un grand moment de symbiose, d'échanges, de lutte, d'espoir, de conviction d'être acteur de son histoire, mais aussi l'amertume, la tristesse, que Malik y soit resté.
En ce moment, je pense à sa mère, à ses frères et sœurs, à tous ceux à qui il a été arraché, il nous manquera toujours. Avec lui, c'est un bout de nous-mêmes qui est parti le 6 décembre 1986.
En votant cette délibération, notre Conseil fera un acte de justice et de mémoire qui honorera notre Paris. Pour moi, pour les socialistes, nous avons aussi, simplement, rempli notre devoir.