Question d’actualité de David Assouline et du groupe socialiste et radical de gauche

Publié le par David

Conseil de Paris - 13 Février 2007

A Monsieur le Préfet de Police

concernant l’opération de police du 30 janvier 2007 à République
 
 
Le 30 janvier dernier, une vaste opération de police a mené à l’interpellation de 21 personnes sans-papiers, dont 18 ont été conduites en centre de rétention avant leur expulsion. Hélas, les élus parisiens commencent à avoir l’habitude de ce genre d’opération ciblée. On constate en effet depuis bientôt deux ans, une multiplication des arrestations d’étrangers dans certains quartiers de la capitale à forte concentration immigrée. Mais la particularité (et vous savez que je me retiens en disant "particularité", tant cela m'a paru odieux et immoral) de l’opération du 30 janvier réside dans le fait qu’au même moment, au centre de la place de la République, se tenait une distribution de repas organisée par Les Restos du Cœur.
 
Et c’est là que les élus du groupe socialiste et radical de gauche s’interrogent. Car comment croire à un « fâcheux concours de circonstances », à un contrôle de routine sans lien avec la distribution de repas de l’association humanitaire, alors même que le ministère de l’Intérieur fait pression sur les préfecture depuis l’été 2005 pour qu’elles atteignent des objectifs chiffrés d’expulsion de sans-papiers ? Un syndicaliste policier, sous couvert d’anonymat, ne déclarait-il d’ailleurs pas, le 2 février, dans la presse : « On a des quotas et des objectifs de reconduite à la frontière à réaliser. Ces opérations sont clairement conçues pour faire du chiffre. (…) Avec l’approche des élections, ces opérations de contrôle d’identité risquent encore de se multiplier. » On en n'a pas fini de pâtir d'un ministre de l'Intérieur candidat à l'élection présidentielle !
 
Les élus du groupe socialiste et radical de gauche ont déjà eu l’occasion de condamner ces opérations ciblées contre les sans-papiers. Ils se sont notamment engagés auprès des enfants scolarisés et de leurs parents non régularisés, aux côtés du Réseau Education Sans Frontières. Mais l’opération du 30 janvier fait franchir un pas vers l’escalade : il est inacceptable que des distributions de repas à destination des plus défavorisés soient l’occasion pour la police d’effectuer des opérations organisées et massives d’expulsion. Les Restos du Cœur ont eux-mêmes rappelé au Ministre de l’Intérieur que les lieux d’aide humanitaire devaient être sanctuarisés et ne sauraient servir d’appât pour piéger les sans-papiers.
 
Aussi, pouvez-vous, Monsieur le Préfet de Police, éclairer notre assemblée sur les modalités de décision et de déroulement de l’opération du 30 janvier dernier, place de la République ? Pouvez-vous l’assurer que plus aucun lieu d’aide humanitaire dans la capitale ne servira de théâtre à ce genre d’opérations ?

Publié dans A Paris

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