Retour sur la polémique des chiffres du chômage

Publié le par David

Une question tout d’abord. De celle qui sème le doute. Pourquoi l’INSEE n’est pas en mesure d’officialiser les résultats de son enquête Emploi 2006 ? Traditionnellement publiée en mars, cette enquête a été repoussée en septembre 2007. Etrange.

 

La direction de l’Insee, avance des « problèmes techniques » concernant cette enquête, et a donc décidé de retarder sa publication. Mais en quoi ces « problèmes techniques » empêchent la publication d’une des enquêtes les plus importantes de cet organisme ?

 

Est-ce que l’INSEE (dépendante du Ministre de l’Economie) est empêchée politiquement de sortir cette enquête car les résultats contredisent les déclarations du gouvernement français ?

 

Des associations (dont ACDC) dénoncent les chiffres officiels. En effet, il semble que selon cette enquête les chiffres du chômage, selon les critères du BIT, soit resté à peu près stable par rapport à 2005.

 

La « baisse » du chômage annoncée en grande pompe hier par le premier ministre est donc le résultat, non pas du retour vers l’emploi de chômeurs, mais bien des pressions sur les chômeurs pour les faire sortir des listes de l’ANPE.

 

Ces pressions sont nombreuses. Tout d’abord on s’aperçoit que le taux de sortie de l’ANPE (indicateur qui comptabilise la proportion des chômeurs inscrits en début de mois qui ne le sont plus en fin de mois) atteint des proportions records depuis 2005. Entre septembre 2004 et septembre 2006, le taux de sortie des listes de l’ANPE est passé de 14,5% à 16,8%. De plus l’enquête « sortant » de l’ANPE montre que les chômeurs qui quittent l’organisme le font de moins en moins pour des raisons concernant l’emploi. En effet, en 2005 le taux d’embauche dans les entreprises a peu augmenté et ne permet donc pas de faire augmenter le taux de sortie de l’ANPE.

 

Alors, pourquoi cette augmentation des sorties ? Pour 3 raisons principales. Tout d’abord, les sorties pour « renouvellement non motivé » connaissent une augmentation de 31% ! La nouvelle convention UNEDIC de 2005 a durci et raccourci les périodes d’indemnisation. Les chômeurs qui ne sont plus indemnisés quittent les chiffres officiels du chômage.

 

Enfin, les radiations administratives et les sanctions ont augmenté de 39% en 2005 ! Le plan dit de « cohésion social » de Jean-Louis Borloo permet désormais des sanctions plus nombreuses.

 

Pour finir, les convocations à répétition et les pressions de l’ANPE sur les chômeurs ont pour objectif de leur faire accepter n'importe quel emploi, même très éloigné de leurs aspirations et de leurs qualifications. Avec pour conséquence l’augmentation de 31% (entre 2004 et 2006) des « non-renouvellements accidentels », c’est-à-dire des chômeurs qui décident de quitter l’ANPE.

 

La politique du chiffre mise en place par ce gouvernement a pour conséquence que les chômeurs ont perdu confiance dans le service public de l’emploi. Outil crée pour aider les chômeurs dans leur retour vers l’emploi l’entêtement de la droite fait de ce service public un outil pour les réprimer et les rendre invisibles aux yeux de la société française.

 

Peut-être que la baisse du chômage est une réalité. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que la méthode qui consiste à repousser une enquête de l’INSEE à l’approche des élections entretient pour le moins le suspicion.

Publié dans Mes coups de gueules !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article