La seule réponse possible c'est la République!

Publié le par David

Question de Monsieur David Assouline, Sénateur de Paris à Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'Etat, de l'Intérieur. Séance publique du 3 novembre 2005.


Monsieur Le Ministre,

Votre style et votre tempérament, en pareille circonstance, sous un gouvernement de gauche, vous aurait conduit, à avoir ici des propos guerriers contre le prétendu "laxisme" de la gauche, à ajouter du feu au feu, des mots, non d'opposants politiques, mais de politiciens en campagne profitant d'une situation difficile.

Je ne cèderais pas à cette facilité, parce que la situation est grave, deux jeunes sont morts, parce que des gens, souvent parmi les plus démunis de nos concitoyens, qui souffrent déjà beaucoup socialement, vivent depuis plusieurs jours au milieu de la violence.

Vous avez fait croire à votre arrivée en 2002, que vous étiez avant tout un grand pragmatique, dépouillé de toute idéologie, animé par le seul souci de l'action efficace pour améliorer le sort des français. A grands renforts de complaisance médiatique, vous avez fait illusion.

Mais les mots chocs et les images au pas cadencé et pressé, ne peuvent se substituer à la réalité, au rendez-vous avec les français et leurs problèmes, qui n'a pas lieu en 2007 pour celui qui gouverne ici et maintenant, mais qui a lieu tous les jours.

Alors voilà, vous pouvez dire que vous allez nettoyer au "Karcher" les quartiers populaires, traiter de racailles les jeunes qui y vivent, vous êtes sur le terrain, avec les mots, de ceux que vous prétendez combattre, et sur ce terrain là, des insultes, de la menace, de la loi du plus fort, il n'y a pas de solution à un problème grave, complexe, et avant tout social. Le vrai courage politique c'est de l'admettre.

Bien sûr, la fermeté, la police de proximité que vous démantelez, la sanction de la justice (et pour cela il faut que vous lui en donniez les moyens), sont nécessaires et impératives, contre ceux peu nombreux qui s'émancipent du droit en empêchant la liberté de tous les autres. Mais si nous sommes d'accord qu'ils sont peu nombreux et que ceux qui en souffrent sont l'immense majorité des habitants et des jeunes de ces quartiers, oui de ces quartiers, pas des quartiers chics, pourquoi l'Etat que vous représentez n'arrive pas à les isoler ?

Pourquoi, la grande majorité des jeunes des quartiers populaires ont-ils le sentiment d'être discriminés, abandonnés, parce qu'ils vivent là, qu'ils ont les habits ou le faciès qui ne conviennent pas, pourquoi lisent-ils dans les regards de ceux qui les contrôlent et dans vos propos, le soupçon, l'amalgame, l'assignation à résidence ?
Pourquoi ont-ils le sentiment d'être pris au piège entre-vous et les voyous. Vous devez trouver cela injuste, mais c'est un fait.

Et bien parce que la seule réponse possible, c'est la République, qui parce qu'elle garantit les droits réussit à imposer les devoirs, dont les valeurs ne sont pas communauté, ultralibéralisme, prison, mais liberté, égalité, fraternité, et donc laïcité.

Ma question est donc simple : en responsable, quelle conclusion allez-vous tirer, de votre bilan : +7,3% en 2003 pour les crimes et délits contre les personnes, +3,55 depuis le début 2005 pour les violences physiques contre les personnes, record de voitures brûlées, quartiers d'Ile de France qui s'embrasent comme jamais ?

Publié dans Au sénat

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