Extraits de mon intervention lors du banquet républicain avec Ségolène Royal
"Chers(ères) amis(es), Chère Ségolène,
Je me souviens de la dernière fois où nous avons dîné ensemble, dans une gargote de poisson à Santiago du Chili. (…)
Le Chili, où tu conduisais notre délégation du Parti Socialiste venu soutenir la candidature de « Michèle » Bachelet. Au milieu du peuple des mineurs de cuivre venu l’acclamer, au milieu des milliers de petits pêcheurs pauvres venus lui exposer leur situation, je voyais dans les yeux de ces femmes venues en masse, oubliées parmi les oubliés, l’espoir, et ce sentiment que c’était elles qui étaient sur la scène, et qu’avec la gauche, c’était elles qui allaient gagner, gagner pour leur camp, celui qui a porté Allende, celui qui a combattu Pinochet, mais au-delà, celui qui depuis des siècles forme la moitié de l’humanité mais reste méprisé, nié, relégué, les femmes. Et je voyais comment ce poids là pesait indirectement sur toi, la conscience que la confiance qui commençait à monter autour de toi en France devait avoir un rapport avec cela, une responsabilité de faire gagner la gauche mais aussi de porter cette gigantesque et séculaire aspiration et espoir des femmes, et ne pas la décevoir. (…)
Tu crées une réconciliation entre les couches populaires et la modernité ; là ou d’autres par mépris pour ces couches populaires pensent qu’elles ne peuvent entendre que les peurs et les bonnes vieilles recettes du passé et du conservatisme. Oui, c’est possible de défendre nos valeurs de gauche qui viennent de loin, et d’inventer les outils adaptés à notre 21è siècle pour les faire vivre. Oui, le choix n’est pas d’être moderne et d’oublier nos valeurs ou défendre des valeurs désincarnées avec des outils qui ne peuvent plus les faire vivre. Oui, il y a une vie au-delà du clivage entre la 1ère et la 2ème gauche. On a parlé du droit d’inventaire, nous revendiquons le droit d’inventer.
Tu sais, que pour moi, et que pour beaucoup dans notre parti il y a eu un avant et un après 21 Avril 2002. Avec des amis, dès le lendemain, nous nous sommes promis de tout faire pour que la France et notre parti ne revive plus jamais ça, d’abord en répondant aux quatre questions clefs, sur lesquelles nous avions fait trop l’impasse : la crise sociale, la nécessaire redistribution des richesses, et plus particulièrement, au-delà de la question de l’emploi, la crise de la valeur travail, de la valeur du travail dans une France de la précarisation généralisée et des bas salaires; la crise démocratique et la nécessité de faire entrer de la participation des citoyens et des salariés par les portes et les fenêtres de notre République pour revivifier la délibération et éclairer la décision ; l’autorité républicaine qui passe par la réaffirmation d’une laïcité offensive et en actes, par la prise en compte du besoin de sûreté (premier article de la déclaration des droits de l’homme), par un effort d’éducation accru, avec la pédagogie républicaine des droits et des devoirs : c'est-à-dire la lutte intransigeante contre les inégalités et les discriminations mais aussi par la fermeté face à tous ceux qui au quotidien appliquent la loi du plus fort, du sexisme, de la violence et du chacun pour soi dans nos quartiers ; la nécessité d’une relance de la construction européenne face à la mondialisation libérale, en mettant au centre l’Europe sociale et l’Europe démocratique, face à celle qui se réduirait à un simple marché ; la rénovation de notre parti avec son ouverture sur la société.
Je ne suis d’ailleurs pas étonné, et je suis très heureux que ceux qui ont fondé cette démarche pour un nouveau Parti Socialiste, malgré des chemins qui ont divergé, se retrouvent avec toi aujourd’hui : je pense à Vincent, à Arnaud et à Julien. Tout comme je suis très heureux que tu sois la seule à rassembler des dirigeants et militants qui ont eu des parcours aussi divers ces dernières années, qui ont voté oui ou qui ont voté non au référendum.
Pour finir, parce que nous sommes à Paris, dans ce quartier populaire d’où les campagnes de François Mitterrand ont commencé, je voudrais te faire partager un sentiment qui doit être commun à beaucoup ici.
Nous retrouvons la même flamme, nous sentons la même dynamique possible, que celle qui nous a amenée aux responsabilités à Paris : le rejet de la droite, l’aspiration des quartiers populaires, la mise en mouvement des citoyens actifs, des forces vives. Et je voudrais affirmer, que pour nous, et je sais que je peux le faire au nom de tous les élus ici présents, notre engagement avec toi et dans une parfaite harmonie avec ce qui fait notre engagement au quotidien au service des parisiennes et parisiens à la tête de la municipalité sous la direction de Bertrand Delanoë. D’ailleurs, je souris un peu quand j’entends que l’on ironise sur ton insistance sur la démocratie participative, quand je vois avec quel enthousiasme et unanimité nous avons porté cette exigence comme une marque de fabrique des socialistes parisiens.
Dans ce quartier historique, où la Commune de Paris, le Front Populaire, la Résistance, et la victoire contre la Chiraquie, y a eu son épicentre, dans ce quartier où 120 nationalités se côtoient, vivent ensemble, même quand des conflits internationaux opposent leurs pays d’origines, nous savons que Sarkozy c’est la fin de cette histoire : celle de notre pacte social et national, laïc et républicain, et nous savons plus qu’ailleurs que c’est avec les valeurs que notre parti défend, celles que tu représentes provoquant tant d’espoir pour nous tous, que la vie continuera avec ce qu’elle a de plus positif, de plus optimiste et de plus joyeux.
Merci Ségolène d’être parmi nous ce soir, avec les élus qui te soutiennent Roger Madec (sénateur et Maire du 19ème), Christophe Caresche (Député et Adjoint au Maire de Paris), Dominique Bertinotti (Maire du 4ème), Christophe Girard, Mireille Flam, Olga Strostiansky, Lyne Cohen-Solal, François Dagnaud (toutes et tous adjoints au Maire de Paris), Alain Morell, Gérard Rey, Philippe Ducloux, Eric Taver, et Nathalie Kaufman, Jean-Michel Rosenfeld (adjoint au Maire du 20ème). Je veux aussi citer Georges-Pau Langevin qui portera nos couleurs aux législatives dans le 20è et à travers elle, toutes et tous les candidats ici présents, et enfin quelques amis qui animent Désir d’Avenir dans le 20è pour mettre à l’honneur celles et ceux qui font la même chose dans tout Paris et qui sont ici présents et que je ne peux pas tous citer : Marc Wluscka, Jean-François Pascal, Ouarda Karraï, et Francis Piegza."
Vous pouvez retrouver des photos de banquet dans mon album photo.
Vous pouvez retrouver des photos de banquet dans mon album photo.